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Quand la Bible parle de l'homosexualité
Dans le climat un peu surchauffé d'aujourd'hui, il n'est pas aisé de discuter calmement de ce qui concerne l'homosexualité. La liberté de penser et de parler de cette question s'est restreinte à la taille de la proverbiale peau de chagrin. Une minorité (entre 1 et 5% de la population) a réussi à imposer ses vues, nécessairement partiales et partielles. Tout ce qui dépasse le cadre imposé par ce lobby est taxé d'homophobie et, là où cela semble intéressant, traîné devant les tribunaux.
Cependant, et quoi qu'on puisse dire, le débat n'est pas clos. Vouloir changer de fond en comble ce que l'humanité a depuis toujours considéré comme un comportement “normal”, souvent inscrit dans ces convictions les plus profondes, n'est pas obligatoirement le signe d'un progressisme éclairé. Vouloir imposer à une société des normes inventées depuis hier et défendues avec un zèle religieux, en réinventant, au besoin, les procédés détestables de l'Inquisition, n'est peut-être pas la meilleure manière d'avancer.
Afin de mieux situer le débat dans le cadre de la foi chrétienne, voici donc, courtement, ce que la Bible enseigne à ce sujet.
Introduction
Nous
faisons ici une distinction entre l’homophilie (que nous définissons comme la
tendance intérieure) et la pratique homosexuelle. Il ne faut pas confondre les
deux !
Il
y a deux situations à clairement distinguer : 1. Devant la pression du lobby
gay, nous devons résister, comme nous devons résister à tout relent de
totalitarisme. 2. Devant la détresse de beaucoup de personnes homosexuelles,
nous devons être remplis de compassion.
Attention
à nos réactions épidermiques. Ces réactions ne sont pas nécessairement
erronées, mais elles ne peuvent jamais servir à raisonner inconsciemment nos
opinions ! Il est trop facile de haïr le péché de l’autre tout en
relativisant son propre péché !
Les
textes de la Bible qui sont directement impliqués dans la question de l’homosexualité sont surlignés.
Le dessein originel
Dieu créa les hommes pour qu’ils soient son image, oui, il
les créa pour qu’ils soient l’image de Dieu. Il les créa homme et femme (mâle
et femelle). (Genèse 1.27)
Dieu crée le monde en y incorporant une différentiation
sexuelle en vue de la procréation de la race. Il fonde le mariage sur cette
différentiation essentielle (et donc pas accessoire) :
C’est
pourquoi un homme se séparera de son père et de sa mère et s’attachera à sa
femme, et les deux ne feront plus qu’un. (Genèse 2.24)
La
femme est l’aide qui correspond à l’homme. Elle n’est pas un autre ‘il’, elle
est une ‘elle’ et c’est ainsi qu’ils sont à l’image de Dieu. Ce schéma
devient, dans le plan de Dieu, le modèle, le paradigme du mariage. Ce n’est pas
“un mariage pour tous” (cela n’a jamais existé et n’existe toujours pas); non,
le mariage est, dès l’origine, et dans la pensée de Dieu, une relation
exclusive entre un homme et une femme. C’est ce que Jésus va confirmer dans
l’Evangile. Les deux deviennent une seule chair et se complètent. Le “C’est
pourquoi” de Gen 2.24 trouve sa raison d’être dans cette réelle unité et
complémentarité de ces deux “moitiés” sexuelles, de façon littérale dans le cas
d’Adam et Eve.
Appartient-il
à un gouvernement de déterminer ce qu’est le mariage ? Ou est-ce que le
mariage est antérieur à l’état ? Une donnée de base ou une notion à
bricoler ? Notre liberté n’est pas celle de définir le bien et le mal
(l’ancienne tentation dans le jardin d’Eden), mais de vivre selon les normes
définies par le Créateur – ou en opposition à elles. Quand un état s’arroge le
droit de réécrire les lois fondamentales inscrites dans la création, le
totalitarisme n’est jamais loin (cf. sa définition par Mussolini : Tout
dans l’Etat, rien hors de l’Etat, rien contre l’Etat). Alors, au lieu d’être
serviteur, l’Etat devient Maître et Tyran, un dieu à la place de Dieu.
Jésus
reprend la règle de la Genèse. Questionné sur la préférence sexuelle du divorce
facile (une polygamie sérielle), il revient à la règle d’origine d’un mariage
d’un homme et d’une femme.
La conséquence logique
Toute
relation sexuelle en dehors du mariage d’un homme et d’une femme est prohibée dans la Bible.
Elle est adultère ou débauche.
- Adultère, elle brise l’alliance sacrée entre les deux conjoints :
L’Eternel a été le témoin entre chacun de
vous et la femme que vous avez épousée lorsque vous étiez jeune et que vous
avez trahie. Elle était ta compagne, et tu avais conclu une alliance avec elle.
(Malachie 2.14)
- Débauche, elle est révolte contre le plan de Dieu, comme tout
péché bien sûr. Péché plus grave que les autres ? Non. Mais
particulier : Fuyez l’inconduite.
Quelque autre péché qu’un homme commette, ce péché est extérieur au corps; mais
celui qui se livre à l’inconduite (pornè, en Grec) pèche contre son propre corps. (1Corinthiens
6.18)
Dans
ce contexte du péché sexuel, certains rapports interdits sont spécifiés dans la
Loi : relations entre membres de familles proches, entre personnes du même
sexe, entre hommes et bêtes. Certaines de ces relations sont caractérisées
d’abomination. La
Bible dit que celui qui consulte les morts, pratique la magie, sacrifie les
enfants à Moloch, et celui/celle qui couche avec un animal... ou qui couche
avec une personne du même sexe, est "en abomination à l’Eternel".
Le mot est utilisé une centaine de fois dans la Bible, et désigne en général ce
qui déplaît profondément à Dieu.
Dans la Loi de Moïse, deux textes mentionnent nommément
l’homosexualité :
Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme;
c’est une abomination. (Lévitique 18.22)
Si deux hommes ont des relations homosexuelles, ils ont commis un
acte abominable; ils seront mis à mort et porteront seuls la responsabilité de
leur mort. (Lévitique 20.13)
Bien
sûr, ces textes s’appliquaient à Israël. Mais, comme tant d’autres passages de
la Loi, ils révèlent la pensée de Dieu. Ils ne disent pas comment nous devons
agir envers le monde au dehors, mais comment nous devons vivre dans l’Eglise.
Ils font partie de cette loi que l’Esprit inscrit sur notre cœur, cf. Jér 31.33.
Cf. cette même différence chez l’apôtre Paul :
Dans
ma dernière lettre, je vous ai écrit de ne pas avoir de relations avec des
personnes vivant dans la débauche. Mais je ne voulais évidemment pas dire par
là qu’il faut éviter toute relation avec ceux qui, dans ce monde, mènent une
vie de débauche, ou avec les avares, les voleurs ou les adorateurs d’idoles;
car alors il vous faudrait sortir du monde. Non, je voulais simplement vous
dire de ne pas entretenir de relations avec celui qui, tout en se disant votre
“frère”, vivrait dans la débauche, ou serait avare, idolâtre, calomniateur,
adonné à la boisson ou voleur. Avec des gens de cette sorte, il ne vous faut
même pas prendre de repas. Est-ce à moi de juger ceux qui vivent en dehors de
la famille de Dieu ? Certes non ! Mais
c’est bien à vous de juger ceux qui font partie de votre communauté. Ceux du
dehors, Dieu les jugera. Mais vous, chassez le méchant du milieu de vous. (1Corinthiens 5.9-13)
Les
textes du Lévitique se trouvent dans la section de ce livre qui se concentre sur
la sainteté, appelée parfois le code de la sainteté. Si le Nouveau Testament nous libère de la Loi comme chemin vers
Dieu, il n’abroge pas la Loi pour autant : elle demeure l’expression de la
vie sainte que Dieu désire pour nous. Elle n’est plus – mais l’a-t-elle jamais
été ? – chemin vers Dieu, mais elle demeure chemin de Dieu, si on peut le
dire ainsi. Jésus puise son “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” dans ce code
de sainteté, Lév 19.18. Pierre cite aussi cette partie du Lévitique en 1Pierre 1.15,16, (Au contraire, tout comme
celui qui vous a appelés est saint, soyez saints dans tout votre comportement.
Car voici ce que Dieu dit dans l’Ecriture : Soyez saints, car je suis
saint) et on doit certainement penser à des textes comme 1Thessaloniciens 4.3 (Ce que Dieu veut,
c’est que vous meniez une vie sainte : que vous vous absteniez de toute
immoralité) et Hébreux 12.14 (…pour mener une vie de plus en plus sainte, sans laquelle nul ne verra
le Seigneur). La Loi révèle quelle est cette sainteté que Dieu recherche en
nous. Il va de soi qu’elle dépasse de loin le seul cadre de la sexualité !
Sodome
Deux versets de l’Ancien Testament concernent ce qui s’est
passé à Sodome au temps de Loth. Les deux envoyés qui viennent chez lui de la
part de Dieu suscitent des sentiments homosexuels dans la population :
Quand
ils furent sur le point de se coucher, la maison fut encerclée par les gens de
la ville : tous les hommes de Sodome, jeunes et vieux, étaient venus là
des différents quartiers de la ville. Ils appelèrent Loth et lui
demandèrent : Où sont ces hommes qui sont venus chez toi cette nuit ?
Amène-les nous pour que nous couchions avec eux ! (litt : pour que
nous les connaissions) (Genèse 19.4,5)
Cela
rappelle ce qui se passe en Israël durant l’époque des Juges, selon Juges
19.20-24.
On
dit parfois que le péché de Sodome était le refus de l’hospitalité, en citant
Ezéchiel 16.49. Mais dès qu’on lit le verset suivant, cette interprétation ne
tient plus :
Voici
quel était le crime de Sodome, ta sœur : elle et ses filles étaient
devenues orgueilleuses parce qu’elles vivaient dans l’abondance et dans une
tranquille insouciance. Elles n’ont pas secouru les pauvres et les malheureux.
Elles sont devenues hautaines et se sont mises à commettre sous mes yeux des
actes abominables. C’est pourquoi je les ai fait disparaître comme tu l’as vu. (Ezéchiel 16.49,50)
Jude
rappelle le péché de Sodome dans sa courte lettre :
Les habitants de Sodome, de Gomorrhe et des villes
voisines se sont livrés de la même manière à la débauche et ont recherché des
relations sexuelles contre nature. C’est pourquoi ces villes ont été condamnées
à un feu éternel, elles aussi, et servent ainsi d’exemple. (Jude 7)
Notez
le Grec de la phrase du milieu, rendu ainsi, plus justement, par la NBS :
… qui, d’une manière semblable, se sont livrées à l’inconduite sexuelle et ont
couru après des êtres d’une autre nature … Litt : “après une autre chair”.
Est-ce que Jude pense à l’homosexualité ou à la zoophilie ? Nous pensons
plutôt, dans le contexte de Genèse 19, que Jude se réfère aux anges.
Ce
groupe de textes concernant ce qui s’est passé à Sodome fait dire à certains
que la Bible est seulement opposée à
la pratique de l’homosexualité quand
celle-ci devient viol, violence, dénuée d’amour et de réciprocité ? Le
fait est que les autres textes ne permettent pas ce genre d’échappatoire.
L’enseignement du Nouveau Testament
Jésus
n’a pas parlé de l’homosexualité. Nous ne pouvons pas pour autant tirer une
conclusion de ce silence. Y avait-il des homosexuels en Israël en son
temps ? La question peut sembler incongrue aujourd’hui, mais il est
effectivement envisageable que la question n’avait aucune visibilité, voire
était inexistante en Israël. Non pas que le peuple Juif était donc sans péché
sexuel visible. Il n’en était rien, cf. Jean 8.1-11 ! Mais il est bien
possible que ce péché particulier était absent du peuple. L’idolâtrie de
l’argent était certainement un problème autrement plus pressant et le Seigneur
y revient de très nombreuses fois.
L’homosexualité était sans doute bien plus en évidence
dans le monde païen. C’est dans ce contexte que le Nouveau Testament en parle.
D’abord, et surtout, dans le texte connu de Paul au début de sa lettre aux Romains :
C’est pourquoi Dieu les a abandonnés
aux passions de leur cœur qui les portent à des pratiques dégradantes, de sorte
qu’ils ont avili leur propre corps. Oui, ils ont délibérément
échangé la vérité concernant Dieu contre le mensonge, ils ont adoré et servi la
créature au lieu du Créateur, lui qui est loué éternellement. Amen ! Voilà
pourquoi Dieu les a abandonnés à des passions avilissantes : leurs femmes
ont renoncé aux relations sexuelles naturelles pour se livrer à des pratiques
contre nature. Les hommes, de même, délaissant les rapports
naturels avec le sexe féminin, se sont enflammés de désir les uns pour les
autres; ils ont commis entre hommes des actes honteux et ont reçu en leur
personne le salaire que méritaient leurs égarements. (Romains 1.24-27)
On
entend parfois que le SIDA serait un jugement de Dieu. Paul semble dire plutôt
que certains comportements sont signes du jugement de Dieu, au sens où
l’abandon par lui est signe de jugement.
Que
sont ces “pratiques contre nature” des femmes ? (notez : contre
nature, et non : contre leur
nature) Le parallélisme avec le verset suivant semble devoir nous pousser vers
l’interprétation qui voit ici des actes homosexuels. Un comportement homosexuel
va à l’encontre de ce que Dieu a prévu pour l’humanité. Est-il donc révolte
contre Dieu ? Dans le monde actuel, il faudrait sans doute le voir ainsi.
C’est un remplacement voulu de la
vérité par le mensonge. Un tel comportement est avilissant, litt :
déshonorant. C’est un rejet de l’altérité et de la complémentarité évidente que
Dieu a créées dans nos corps, et un “refus de toute valeur normative
transcendante” (R Lefebvre).
Si la pratique de l’homosexualité est clairement une
révolte spirituelle, est-elle aussi une idolâtrie ? Est-elle adoration de
la créature à la place du Créateur ? Il est évident que cette idolâtrie ne
se limite pas à l’homosexualité. La déviance de la sexualité normale a de tout
temps été tout aussi coupable, avec son adoration du corps de l’autre et son
asservissement à ce corps, comme, par exemple, dans la pornographie. Cependant,
on fait bien de prêter attention à ce qu’écrit Roger Lefebvre sur ce passage
fondamental :
Personnellement,
ce qui me frappe dans tout ce passage, c’est le fait que Paul n’invoque pas la
Révélation divine pour condamner l’homosexualité, mais il se réfère à une
évidence de la nature, il fait appel au bon sens le plus commun... Dans la
logique de son raisonnement, en effet, le crime des incroyants n’est pas… d’ignorer la Parole de Dieu – puisqu’ils n’en disposent pas – mais
bien de ne pas lire ce qui est écrit dans le grand livre de la Création pour en
reconnaître les lois et s’y soumettre. Dans cette pensée, l’homosexualité
apparaît d’abord comme la négation de lois universelles – et donc comme une
aberration – avant de jouer le rôle d’indicateur spirituel de la
"chute" d’une humanité qui, se prenant comme seule référence, est
tombée dans l’auto adoration.
Car,
bien évidemment, le but de son propos n’est pas d’écrire un traité sur
l’homosexualité, mais d’exposer aux chrétiens de Rome sa conception du péché de
l’humanité, de la grâce de Dieu et du salut en Jésus-Christ. Dans cette
perspective, l’homosexualité qui se répand dans le monde antique lui apparaît
comme l’exemple le plus probant de l’égarement, du dérèglement et de
l’idolâtrie dans lesquels l’humanité est tombée... Car, bien sûr, il lui faut
présenter un argument acceptable par toute personne de bon sens, croyante ou
non !
Il
faut d’ailleurs remarquer que Paul ne condamne pas l’homosexualité en tant que
péché sexuel ou en tant que désobéissance à la loi de Dieu : il aurait pu le
faire... Non, il se "contente" de le présenter comme le signe
indiscutable, comme la preuve imparable de l’immixtion du péché au sein de l’humanité.
– "Péché" étant ici compris comme l’état de séparation de l’homme
d’avec Dieu, comme le fait de passer à côté de sa vocation. – Autrement dit, si
le discours de Paul s’inscrit clairement dans le cadre de la révélation divine
et du plan de salut de Dieu, sa référence aux pratiques homosexuelles procède
du bon sens le plus prosaïque et donc de la sagesse la plus universelle. [1]
Notons aussi
que l’apôtre n’est pas en train de se plaindre aux chrétiens de Rome en
remarquant combien le monde est mauvais. Il ne passe pas son temps à déplorer
ou à décrier l’état terrible des choses de ce bas monde. Il le cite simplement
comme une évidence du mal qui règne dans un monde sans Dieu. En fait, Paul est
bien trop conscient que nous étions de ce monde. Il l’écrit aux
Corinthiens :
Ne savez-vous pas que ceux qui pratiquent l’injustice
n’auront aucune part au royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas : il
n’y aura point de part dans l’héritage de ce royaume pour les débauchés, les
idolâtres, les adultères, les pervers ou les homosexuels, ni pour les voleurs,
les avares, pas plus que pour les ivrognes, les calomniateurs ou les
malhonnêtes. Voilà bien ce que vous étiez, certains d’entre vous. Mais vous
avez été lavés, vous avez été purifiés du péché, vous en avez été déclarés
justes au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu. (1Corinthiens 6.9-11)
Voilà
bien ce que vous étiez, mais … Le canevas sombre de ce monde est celui sur
lequel est peinte la lumière de l’Evangile. Non seulement, il n’y a pas de
gradation dans le péché – les listes de Paul, ici et ailleurs, sont éloquentes
à ce sujet – mais nous trainons tous un passé qui a eu besoin de purification.
Et tout homme, ou femme, qui aujourd’hui encore est prisonnier d’un
comportement de révolte contre Dieu peut être racheté.
Ce que le
Nouveau Testament ajoute à ceci se résume à ce seul texte de Paul :
... les débauchés, les homosexuels, les marchands d’esclaves, les menteurs,
les gens
sans parole et, d’une manière générale, pour tous ceux qui commettent des
actions contraires à l’enseignement authentique que vous avez reçu. (1Timothée 1.10)
Un mot sur
le vocabulaire. En 1Cor 6.9 comme en 1Tim 1.10, Paul utilise deux mots
précis : malakoi (efféminés) et arsenokoitai, (litt : ceux qui couchent avec des hommes. Paul semble avoir formé le mot à
partir de la traduction de la LXX des textes du Lévitique) Le premier était le
mot habituel dans le monde gréco-romain pour parler du partenaire “passif” dans
les actes homosexuels, là où le deuxième caractérisait davantage le partenaire
“actif”. L’interprétation ancienne, tant chez les Juifs que chez les Chrétiens,
des textes de Lévitique et des textes de Paul montre que ces versets étaient
toujours compris comme des interdictions de toutes formes de comportement
homosexuel. [2]
Le contexte
de 1Tim 1.10 est important. Paul parle des faux docteurs et leur influence sur
l’église :
… Nous
savons que la Loi est bonne, mais à condition d’être utilisée en accord avec
son but. Il faut savoir ceci : la Loi n’est pas faite pour ceux qui font
le bien, mais pour les malfaiteurs et les rebelles, pour les gens qui méprisent
Dieu et les pécheurs, pour ceux qui n’ont ni respect ni scrupule à l’égard de
ce qui est sacré, ceux qui tueraient père et mère, les assassins, les
débauchés, les homosexuels, les marchands d’esclaves, les menteurs, les gens
sans parole et, d’une manière générale, pour tous ceux qui commettent des
actions contraires à l’enseignement authentique que vous avez reçu. Cet
enseignement est conforme à la Bonne Nouvelle qui m’a été confiée et qui révèle
la gloire du Dieu bienheureux. (1Timothée 1.6-11)
Paul
reprend, en quelque sorte, ce que dit la Loi, la Torah, et ce que ces
enseignants n’avaient pas compris. Mais le bon usage de la Loi n’est pas
contraire à l’Evangile. La Loi, qu’elle soit inscrite dans le cœur par l’œuvre
du Saint-Esprit, ou qu’elle soit écrite sur les tables de la Loi pour ceux qui
ne connaissent pas Dieu, est là pour nous amener à la fin de nous-mêmes, à la
position où nous sommes prêts à recevoir l’autorité du Christ qui a mis fin au
régime de la Loi (Rom 10.4).
Ainsi, notre rôle n’est ni de moraliser une société sans Dieu, ni de
cadrer l’Eglise de Dieu par un légalisme aride. L’enseignement authentique
saura puiser à la source de la Loi pour nous transmettre la passion de
Dieu : sauver le monde et sanctifier l’Eglise.
Egbert Egberts
Note supplémentaire
Sexualité contre nature
C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions
infâmes : Car leurs femmes ont changé l’usage naturel en celui qui est contre
nature; et de même les hommes, abandonnant l’usage naturel de la
femme, se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres, commettant
homme avec homme des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes le salaire que
méritait leur égarement. (Romains 1.26,27)
S’appuyant sur ce texte, les Metropolitan Community
Churches (dénomination homosexuelle) ont affirmé que “l’usage naturel” se
rapportait à l’inclination sexuelle individuelle de la personne. Ils disent que
le passage condamne ceux qui ont une inclination naturelle pour
l’hétérosexualité et s’engagent malgré tout dans une activité homosexuelle.
L’opposé est également vrai, selon eux. Si vous avez des tendances
homosexuelles, vous ne devriez pas vous engager dans des relations
hétérosexuelles. Il n’y a là aucune condamnation de l’homosexualité elle-même.
Le grand péché, continuent-ils, c’est d’agir contre sa nature sexuelle propre.
Plusieurs considérations vont à l’encontre de cette
interprétation. Premièrement, le mot grec pour “nature”, phusis, n’est
pas à prendre au sens psychologique, individuel auquel nous sommes aujourd’hui
habitués. Paul l’a utilisé pour parler de l’ordre créé, la façon dont Dieu
voulait que fonctionne sa création. Deuxièmement, Paul emploie les mots rares thèlus
(femelle) et arsèn (mâle) au lieu de gunè (femme) et anèr
(homme). Ce sont les mots mêmes qu’on retrouve dans la Septante (traduction
grecque de l’Ancien Testament) pour le récit de la création de la Genèse. Paul
veut ainsi remonter à la distinction primitive des mâles et des femelles et à
l’ordre, dès la création, d’une pratique exclusive de relations sexuelles entre
un homme et une femme.
Notez que Paul écrit qu’une fois que Dieu eut livré
ces personnes à des désirs honteux, ce sont les hommes et les femmes eux-mêmes
qui prirent la décision de “changer” et “d’abandonner” les relations naturelles
avec le sexe opposé. Ils choisirent en toute conscience de céder à leurs désirs
enflammés et de “commettre des choses infâmes” avec ceux du même sexe.
La nature humaine a été altérée de multiples
manières par la Chute et les gens suivent les méandres du monde, mais chaque
individu est encore responsable des choix qu’il fait. Oui, il y a ceux qui,
pour une raison ou une autre, sont plus sensibles aux cajoleries des homosexuels,
tout comme il y a des individus anormalement disposés à la violence, au
mensonge, au blasphème et au vol.
Mais l’Eglise ne devrait pas absoudre plus
facilement les désirs homosexuels qu’elle ne le fait pour d’autres désirs
mauvais. Le péché est le péché.
Il est tentant de prêcher qu’“il n’y a qu’à dire non” ! C’est oublier
alors de prendre en compte la terrible emprise que l’homosexualité peut avoir
sur les gens, la tyrannie sensuelle qu’ils subissent. Certains ont été meurtris
par des
expériences de la petite enfance, et des décennies de pratique ont
renforcé leur option. Ils souffrent d’une sexualité incomplète et stoppée, et
se montrer hostile face à ce manque ne sert à rien. L’Eglise devrait plutôt
encourager les homosexuels (et si ce n’est pas l’Eglise, qui alors ?) à
“simplement dire oui” à l’action de l’Esprit Saint porteur d’amour, de vérité
et de la puissance de Dieu. Les résultats peuvent être miraculeux.
Le texte de cette note provient de : http://www.kairosjournal.org
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